Le changement climatique, nouvel hiver pour les droits des femmes ?

Le GIEC a rendu le second volet de son sixième rapport le 28 février 2022. Celui-ci concerne la vulnérabilité des sociétés humaines, des écosystèmes et des systèmes socio-économiques face à la dérive climatique, ainsi que les conséquences du changement climatique et les options d’adaptation qu’ont encore nos sociétés. Si le travail du premier groupe avait fait grand bruit en septembre 2021, la guerre en Ukraine a largement changé les angoisses du moment. Il n’en est pas moins préoccupant.

L’un des éléments intéressants de ce rapport est qu’il souligne la particulière vulnérabilité des femmes au changement climatique et la nécessité d’inclure la perspective de genre dans les questions liées à la justice climatique. Plus largement, les Nations Unies alertent depuis de nombreuses années sur l’interconnexion entre égalité des sexes et changement climatique, insistant sur le fait que la crise climatique affecte certaines catégories sociales, en particulier les femmes, de façon disproportionnée. C’est d’ailleurs le thème choisi par l’ONU pour cette journée internationale des droits des femmes : « L’égalité des sexes aujourd’hui pour un avenir durable », en se focalisant sur l’action climatique et les solutions à apporter. L’accent est mis sur la prise en compte des questions de genre dans la réponse à la crise climatique, afin de ne pas empirer une fois de plus la situation des femmes. Cette vulnérabilité accrue des femmes face au réchauffement climatique concerne tant les effets de la raréfaction des ressources que la multiplication des catastrophes, deux phénomènes qui ajoutent leur lot de catastrophes spécifiques pour les femmes, avec des violences exacerbées comme dans tout événement violent ou encore une nécessité d’adaptation accrue pour les femmes, notamment en cas de migration climatique. On le sait, ces situations vont exploser dans les années à venir et concerner le monde entier. Dans une campagne présidentielle qui peine à mettre les questions d’écologie et d’égalité au cœur des débats, il serait pourtant bien avisé qu’elles soient à l’ordre du jour. En premier lieu car on l’a vu, les questions internationales reviennent en force et obligent à se rappeler la pertinence d’une analyse prenant en compte des questions qui se posent avec plus d’acuité ailleurs sur la planète. Ensuite car comme en avertit le GIEC, l’absence de prise en compte de la question du genre dans les solutions apportées ne fera que renforcer les inégalités structurelles et in fine, accroitre les problèmes qu’elles sont censées résoudre. Enfin, car ces questions en sous-tendent bien d’autres, liées à la sécurité alimentaire, à la santé ou à l’éducation.

Si l’actualité immédiate ne permet pas, pour des raisons évidentes, d’aborder la grande diversité des sujets que les débats politiques devraient investir, à l’avenir, la construction de politiques publiques égalitaires devra prendre en compte ces questions.

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